Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin

Hey mes Fétiches ! Comment allez-vous en ce mois de novembre ? Ici, le froid est arrivé, le chauffage redémarré… Bref, l’arrivée de l’hiver quoi !

C’est pourquoi je viens vous parler d’un livre de poche lu cet été et qui m’a marqué… Je vous dis tout…

Installez-vous confortablement et c’est partit !

L’histoire : Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent ?

L’histoire est simple, profonde, à la fois si réaliste et si incroyable. On se laisse volontiers bercer dans ce flot de sentiments divers et variés. Valérie Perrin imagine son roman Changer l’eau des fleurs en accompagnant son conjoint sur la tombe de ses parents. Elle construit alors un récit où le décor est un cimetière et les protagonistes ceux qui y travaillent, la vie fourmille aussi à travers les histoires qui s’y racontent et les animaux qui y vivent. Ce mélange de tristesse et de joie charme la critique et lui vaut plusieurs prix, dont celui de la Maison de la Presse en 2018 (époque de la sortie de l’édition grand format chez Albin Michel) et le Prix des lecteurs du Livre de Poche en 2019. Les critiques saluent le traitement qui est fait de la mort et du malheur, car même si l’héroïne souffre beaucoup, elle retrouve peu à peu espoir en l’existence.

👇 ATTENTION SPOILER 👇

Ne lisez pas la suite si vous n’avez pas lu le livre
car je vais révéler des points essentiels du roman.

L’intrigue  se déroule en 2016. L’héroïne, Violette, est la gardienne du cimetière de Brancion-en-Châlon. Elle y est arrivée vingt ans auparavant, guidée par la volonté de reprendre l’activité de son ami Sasha et que le cimetière lui est cher… Avant, elle était avec son mari gardienne de barrière SNCF.

Un jour, elle reçoit la visite du policier Julien Seul, venu déposer les cendres de sa mère sur la tombe de l’homme qu’elle aimait en secret. Découverte faite après sa mort, le policier est contrarié de ne pas avoir su cela de son vivant… Intrigué par l’histoire de Violette, plus mystérieuse que jamais, dont le mari a disparu soudainement quelque temps après leur arrivée au cimetière, soit vers 1998-99, il décide d’enquêter et retrouve cet homme, faisant sans le savoir remonter à la surface de douloureux souvenirs ainsi que des vérités salutaires pour la gardienne, notamment le fait qu’elle soit si attachée à ce cimetière car il héberge la tombe de sa fille, alors âgée de 7 ans, décédée tragiquement lors de vacances en colonie en 1993.

Etant maman, ce livre m’a atteint de plein fouet avec toutes les pires angoisses que peuvent ressentir des parents face à la perte d’un enfant. Je ne peux vous dire ô combien ce livre m’a fait pleurer, même si on s’attend à la tragédie. Violette raconte son passé, son enfance désastreuse, sa solitude, son amour pour un homme loin d’être à la hauteur, sa fille, de sa naissance à un jour marqué d’une croix sombre. On a mal avec l’héroïne, on a mal pour elle, on se sent littéralement impuissant face à ce qu’on lit. On souhaiterait que sa fille soit en vie, et d’ailleurs jusqu’au milieu du roman, on a encore un espoir, elle parle d’elle au présent, on se dit qu’elle devrait avoir presque la trentaine… Et puis, on arrive au passage choc où elle se recueille dans la partie enfant du cimetière et où la tombe de sa fille apparaît avec les trois autres fillettes tuées dans l’incendie ce soir-là. On comprend mieux le comportement étrange et en retrait de Violette, on comprend mieux sa vie. Son mari l’ayant abandonné 18 ans plus tôt, il refait surface suite à sa demande de divorce. Il se montre violent, méchant, Violette ne ressent plus rien pour lui, nous lecteurs, on le déteste, on souhaiterait le voir crever… Quel goujat sans cœur !

Oui mais, il va l’avoir son accident mortel, on va se réjouir de sa fin tragique. On jubile, et pourtant, quand on apprend, en même temps que Violette, pourquoi il a disparu 18 ans plus tôt, pourquoi il avait si honte qu’il a préféré fuir… Malgré l’homme fainéant, sans but dans la vie, il aimait profondément sa fille. Sa mort accidentelle le chiffonnait, il a cherché sans relâche pendant que Violette se morfondait, se repliant sur elle-même à l’époque, lui cherchait la vérité… Une vérité que personne ne semblait vouloir révéler…

Et sa persévérance a finit par payer, il a trouver, dénicher cette vérité, au prix de sa raison. La vérité était trop dure à supporter, il ne pouvait retrouver Violette et lui dire… C’est poignant, c’est révoltant, c’est irrespirable… On comprend alors comment il en est arrivé à fuir, lâchement certes, mais il n’avait jamais fait preuve de courage, comment aurait-il agit différemment cette fois-ci ? Même après son entrevue avec Violette courant 2016 pour les papiers du divorce qu’il lui jette à la figure, il a préféré fuir de nouveau… Fuir sa nouvelle vie comme l’ancienne, fuir la vérité, les souvenirs s’étant raviver avec force, il choisit de fuir pour de bond… Il provoque son propre accident…

Violette va enfin avoir toutes les réponses à ses interrogations secrètes et pourra enfin trouver la paix suite à la visite de la seule personne au courant de tout, la femme chez qui il avait fuit 18 ans plus tôt et à qui il avait tout révélé. C’est elle qui viendra voir Violette et tout lui raconter à son tour, permettant ainsi à l’héroïne de faire le deuil impossible de son enfant.

Mon avis : j’ai à la fois adoré et détesté ce livre. Je m’explique : si mon côté de maman n’a pas du tout aimé ce bouquin par son histoire si tragique, si poignante, je ne peux que constater que mon côté littéraire en a prit un coup. C’est un pur bijou de la littérature française ! Bien évidemment, ce livre nous repose, nous intrigue, nous ennuie par moment (surtout les passages de la vie de la mère décédé du policier, j’ai envie de dire que cette intrigue là, je m’en foutais royalement, mais bon…), l’histoire nous transporte au-delà de nos propres ressentis, nos vies, nos envies… On passe du rire aux larmes en un éclair, on a la boule au ventre, la gorge serrée et pourtant, on ne lâche pas le livre pour savoir la vérité. La fin est plutôt bien, une fin remplie de bonheur et d’espoir pour celle qui ne vivait plus depuis le départ de sa fille…

Bref, je ne peux que vous le conseiller, mais si vous être hypersensible comme moi, prévoyez un paquet de mouchoirs à porté de main…

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