
Coucou, je vous avais parlé de la chasse au dahu il y a peu dans l’article sur la pleine lune bleue et je souhaitais vous raconter l’histoire de cette bête à l’origine de nombreuses blagues faites aux plus crédules.
Le Dahu (parfois orthographié dahut) est un animal imaginaire, aussi mystérieux que le Yéti.
Qu’est ce qu’un dahu?
Le dahu est un mammifère angulé artiodactyle ruminant proche du lama, du chamois et du bouquetin. Il a la particularité d’avoir les pattes plus courtes d’un côté que de l’autre (celles de gauches plus courtes que celles de droite ou l’inverse). Cette particularité lui permet de parcourir aisément les pentes abruptes. L’explication de cette différence de longueur tiendrait à ce que l’animal ne vivrait que sur des pentes. Sa morphologie spéciale, résultat de l’évolution, faciliterait ses déplacements à flanc de colline ou de montagne, mais l’obligerait cependant à se déplacer toujours dans la même direction et sur un même côté, sans pouvoir faire demi-tour. D’ailleurs, c’est à la vision d’un dahu que Darwin conclut sa théorie sur l’évolution et la sélection naturelle des espèces.
Le dahu est également connu sous les noms de dairi dans le Jura, darou dans les Vosges, darhut en Bourgogne, tamarou dans l’Aubrac et l’Aveyron, tamarro en Catalogne et Andorre, ou encore rülbi (prononcer ruèlbi) dans le Haut-Valais.
C’est quoi la chasse au Dahu ?
Les traditions locales rapportent que cette chasse se pratique en battue, dans une forêt si possible épaisse et sombre, et même de nuit. Pour chasser le dahu, il faut un sac et des bâtons. En tapant régulièrement du bâton contre les arbres, les chasseurs effaroucheraient l’animal et parviendraient à lui faire perdre l’équilibre. C’est alors qu’interviendrait le « niais du village », posté en contrebas avec le sac ouvert, et investi (par les « initiés » meilleurs connaisseurs du terrain ou meilleurs marcheurs) de la mission très valorisante de capturer l’animal. Le groupe de « rabatteurs », censé diriger l’animal vers le porteur du sac, s’éclipse en fait en abandonnant le naïf de service. Celui-ci, après s’être inquiété de ne plus entendre ses compagnons et s’être convaincu de l’inutilité de prolonger plus longtemps son attente solitaire, n’a plus qu’à rentrer seul en cherchant son chemin dans un environnement qu’il maîtrise mal.
Une autre version, celle que j’ai personnellement vécue en tant qu’initiée, est de se cacher au fur et à mesure de l’avancée dans la forêt et de faire de petits bruits afin d’effrayer la pauvre victime. Pour ma défense, on passait la soirée autour d’un feu en famille et les grands dont moi ont raconté l’histoire de la chasse au Dahu aux plus petits qui avaient entre 8 et 13 ans… On leur a dit qu’on pouvait y aller tous ensemble et on leur a fait cette blague. Contrairement aux autres, les crédules étaient plusieurs et se rassuraient entre eux. Nous avons bien rigolé et les plus petits aussi au final. La blague n’a pas duré longtemps et les moins crédules ont vite compris ce qui se tramait, surtout après que l’un d’entre nous, en se cachant se soit accroché à une brache et se retrouvait bloqué !!
Cette légende serait racontée par les montagnards pour se jouer de la naïveté de leurs invités crédules. Après un repas généralement bien arrosé, ils proposent à leurs invités de chasser le Dahu comme la coutume le veut. Les montagnards partent à la chasse: il suffit de surprendre le Dahu. Dans la précipitation, le Dahu se retourne, se déséquilibre et dévale la pente. Le pauvre invité attend paisiblement en bas et n’a qu’à le ramasser lorsqu’il tombe en bas du versant. Après avoir attendu trop longtemps à son goût, ce dernier se retrouve donc à rentrer seul, dans le noir, dans un environnement qu’il connaît très mal… Blague de très mauvais goût, il va s’en dire !
Dans les Pyrénées, dans les Alpes, au Pays-d’Enhaut ou encore dans les montagnes vosgiennes et jurassiennes, la chasse au Dahu est devenue un jeu destiné aux groupes d’enfants (classes vertes, colonies de vacances…). Proche du jeu de piste, la traque de cet animal est l’occasion de s’aventurer en forêt pour y observer les traces de la faune.
Les jeunes chasseurs ont souvent besoin de plus grands pour les aider à confectionner des échasses, parfois des sabots, afin qu’ils puissent les apprivoiser comme animal de compagnie. C’est donc à partir d’une mauvaise blague qu’est né un jeu d’entraide, c’est plutôt positif je trouve !
Connaissez-vous cette légende ? Avez-vous connu cette fameuse chasse ?
Je vous dis à très vite ! (✿◠‿◠)
Sources : Wikipédia