L’origine des expressions : livre 1

Bonjour les Fétiches et surtout « Bonne année 2025 » !
Je commence ce mois de janvier avec un article sur les origines des expressions. Si vous avez des suggestions et autres expressions dans votre tiroir, n’hésitez pas à me les partager en commentaire !

Faut pas pousser mémé dans les orties

Cette expression est vraisemblablement apparue au XXᵉ siècle. Elle s’adresse à une personne qui dépasse les limites. En substance, elle sous-entendait « qu’il ne fallait pas pousser », autrement dit qu’il ne fallait pas exagérer.

Au départ, elle se réduisait à « faut pas pousser » puis a été rajouté « mémé dans les orties » pour l’accentuer. La mémé et les orties sont venues apporter un peu de piquant à ce dicton, avec une image mentale qui permet toujours de déclencher un petit sourire en coin.

Être au bout du rouleau

Ça vous est arrivé d’« être au bout du rouleau », une expression traduisant un déclin physique, moral ou financier. Mais quel est donc ce fameux rouleau ? D’où vient-il ? Bonnes questions.

Être en manque d’énergie, fatigué ou dans une impasse nous arrive à tous. Mais si ce rouleau ne fait référence ni à la peinture ni à la pâtisserie, à quoi fait-il allusion et quel rapport peut-il bien y avoir avec le fait d’être épuisé ? Pour comprendre l’origine de cette expression, il faut remonter au XIVe siècle.

À l’origine, l’expression faisait référence à un type de rouleau à manipuler avec délicatesse. Jadis, on utilisait un bâton de buis ou d’ivoire pour y enrouler des feuilles, écrites sur une seule face et collées bout à bout. Ces ancêtres du livre étaient appelés des rôles. Au théâtre aussi, les textes des acteurs médiévaux étaient écrits sur des rôles ou des rôlets, pour les petits dialogues. Quand le comédien arrivait au bout de son rôlet, il n’avait plus rien à lire ou à dire. Il était donc… au bout du rouleau, démuni face à une situation, ne sachant que dire et que faire.

« Etre au bout du rouleau » signifiait donc ne plus avoir de ressources, avoir utilisé toutes ses pièces. Aujourd’hui le sens est le même mais s’est étendu à tout type de ressources physiques ou morales.

Donner sa langue au chat

« L’histoire de cette expression est un peu curieuse puisqu’elle ne commence pas sous cette forme. On retrouve la première attestation dans une lettre de Madame de Sévigné au XVIIᵉ siècle disant : jetez-vous votre langue aux chiens ? « , raconte Pierre Larrivée, professeur linguistique.

Cette expression avait un sens dévalorisant car à l’époque, on ne « jetait » aux chiens que les restes de nourriture. « Jeter sa langue aux chiens » signifiait alors ne plus avoir envie de chercher la réponse à une question. Petit à petit, l’expression s’est transformée pour devenir « donner sa langue au chat », au XIXe siècle. En effet, à cette époque, le chat était considéré comme un gardien de secrets. Sa parole serait donc de valeur considérable, et il pourrait s’agir en « donnant sa langue au chat », de lui prêter la parole pour qu’il nous donne la réponse à une devinette.

Après cela, Eugène Sue a écrit : « tu donnes ta langue au chien ». C’est George Sand qui est la première à évoquer un chat, mais l’expression telle que nous la connaissons est employée pour la première fois par les frères Goncourt. Les chats seraient-ils alors plus sages et plus fiables que les chiens ?

Copain comme cochon

Rire ensemble, chanter, danser… Dans ce lieu convivial, les amis se retrouvent pour passer du bon temps. C’est le cas d’Azilis et Julien. Ils sont de vrais copains comme cochons. « On se connaît depuis douze ans. Je sais que je peux tout lui raconter, il ne me jugera jamais », explique Azilis. « Copain comme cochon, c’est être plus qu’un copain, c’est plus qu’une amitié. On est là pour la personne, pour ce qu’elle est vraiment, mais pas ce qu’elle a en apparence », renchérit Julien.

Contrairement aux idées reçues, le cochon est très affectueux. David Louzaouen en possède 2 000 et il nous raconte qu’en général, ils sont tous très avenants. « Un cochon est très joueur. Ils sont très proches de moi et ils ont un contact facile », explique l’éleveur.

Mais à l’origine, l’expression n’a rien à voir avec l’animal. Dans les Côtes-d’Armor, les restaurateurs du « copain comme cochon » expliquent le sens premier du dicton. « À l’origine, c’est ‘copain comme soçon’. Ça vient du vieux français qui veut dire camarade. À travers les âges, c’est devenu ‘sochon’ pour arriver au ‘cochon’. Elle accentue la force amicale d’une relation », nous dévoile David Le Castrec, cogérant.

Être un cordon bleu

Avez-vous déjà goûté au cordon bleu ? Ce délicieux met à base de poulet et de fromage ? Au moins pour le mettre au four, pas besoin d’être un véritable cordon bleu ! 

Être un « cordon bleu » signifie être un très bon cuisinier. À l’origine, cette expression n’a pourtant rien à voir avec les petits plats, puisqu’elle trouve sa référence dans les guerres de Religion.

C’est en 1578, sous l’Ancien Régime et pendant les guerres de Religion, qu’Henri III constitua l’ordre du Saint-Esprit. Cette organisation catholique destinée à lutter contre les protestants rassemblait des hommes mûrs (de plus de 35 ans) issus de la noblesse.

Ses chevaliers portaient la croix de Malte, symbole honorifique accroché à un ruban bleu. Cette distinction fut abolie à la Révolution, pour laisser place à la Légion d’honneur, instaurée en 1802 par Napoléon Bonaparte. Néanmoins, le symbole du « cordon bleu » a continué de représenter une distinction suprême dans l’aristocratie française à travers les siècles. Cela devint même une métaphore faisant référence à la supériorité, à la grandeur et aux honneurs des personnes citées dans un domaine.

Au XVIIe siècle, un poète qui lorgnait l’Académie Française réussit à en séduire les membres en qualifiant l’assemblée de « Cordon bleu des beaux esprits ». Il fut admis illico. Certains disent que la référence culinaire revient également à l’ordre du Saint-Esprit, car les porteurs du « cordon bleu » avaient pris pour habitude de se réunir comme un « club de gourmands », afin de cultiver l’art du bien manger et du bien boire. C’est sûrement de cette anecdote que s’est inspirée la journaliste Marthe Distel.

En 1895, elle publie le premier journal de cuisine, La Cuisinière cordon bleu, qui rencontre un grand succès. Elle ouvre ensuite les écoles « Le Cordon Bleu », très réputées aujourd’hui pour leur apprentissage de l’art de vivre à la française. L’expression est donc entrée dans l’usage.

Sur ce, je vous laisse les z’amis !
Je vous dis à très vite pour d’autres partages !

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